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Edito Hiver 2020/2021

ÉDITO WINESTORY HIVER 2020/2021

A l’heure des thés (d’été), je préfère l’heure dix verres (d’hiver)…

Si WineStory souhaite que vous buviez ses paroles, pour autant elle ne souhaite pas vous fourrer une culotte . Dans l’argot du XIXe siècle, se « fourrer une culotte » signifiait « se saouler ». Néanmoins, soyons responsables face à la pandémie pour retrouver nos ateliers de dégustation. Ne boudons pas notre plaisir, qui prochainement nous attend et qui effacera notre mal-être.

A travers nos dégustations et cours d’œnologie, des saveurs nouvelles, vont nous régénérer tant sur le plan physique que moral . Nous en avons bien besoin.

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C’est CADEAU !

WineStory réserve la possibilité à ses membres et sympathisants, d’offrir un cadeau à un tiers : un cours d’œnologie ou un une dégustation commentée, pour 25 euros seulement. Voir conditions dans l’énoncé sur notre site.
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AOC/AOP, IGP, vins de France… Depuis le 1er août 2009, une nouvelle classification des vins a été mise en place par la Commission européenne. Objectif : remettre de l’ordre dans une offre devenue peu lisible pour les consommateurs.

1. Les AOC/AOP (appellation d’origine contrôlée/appellation d’origine protégée)
2. Les IGP (indication géographique protégée)
3. Les VSIG (vins sans indication géographique, ex-vins de table)
La nouvelle segmentation distingue dorénavant deux grandes catégories : les vins sans indication géographique (VSIG) et les vins de territoire, eux-mêmes divisés en deux sous-catégories, les vins avec indication géographique protégée (ou IGP) et les appellations d’origine protégée (ou AOP). Cette classification ne bouleverse pas fondamentalement nos anciennes catégories nationales : AOC, vins de pays, vins de table. Pourtant, les changements se révèlent moins anodins qu’il n’y paraît.

LES AOC/AOP (APPELLATION D’ORIGINE CONTRÔLÉE/APPELLATION D’ORIGINE PROTÉGÉE)
L’appellation d’origine protégée (AOP) est l’équivalent européen de nos appellations d’origine contrôlée (AOC). Les vignerons peuvent d’ailleurs afficher l’une ou l’autre dénomination sur leurs bouteilles. Inventée dans les années 30, l’appellation d’origine contrôlée garantissait l’authenticité de vins provenant d’une aire géographique précise, et élaborés selon des usages « locaux, loyaux et constants ». Mais au fil des ans, le concept a peu à peu dévié de ses principes fondamentaux. Dans beaucoup d’appellations, le lien du sol avec le vin s’est progressivement estompé sous le rouleau compresseur de l’œnologie moderne et de l’agriculture intensive. La réforme des AOP exigée par Bruxelles et pilotée par l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) était l’occasion de remettre à plat le système et de rehausser son niveau d’exigence. Tous les décrets d’appellation ont ainsi été réécrits et uniformisés avec ceux de l’Union européenne. Les aires d’appellation ainsi que les normes relatives à la production et à la qualité ont été redéfinies ; la « typicité » des produits en relation avec leur origine géographique a été précisée. Mais concrètement, la réforme n’a pas abouti à la mise en place d’une véritable protection des vins de terroir. Le niveau qualitatif des AOC/AOP reste très hétérogène et les prix pratiqués varient de quelques euros la bouteille à des sommets vertigineux (plusieurs milliers d’euros pour certains crus du Bordelais ou de Bourgogne), sans que le consommateur en perçoive toujours la raison. Logique, quand on sait que les vignobles AOC représentent, en France, plus de 60 % des surfaces cultivées en vignes ! Certains vignerons, souvent parmi les meilleurs, sont sortis de l’AOC, car ils refusent d’entrer dans le moule.

LES IGP (INDICATION GÉOGRAPHIQUE PROTÉGÉE)
Les vins avec indication géographique protégée remplacent l’ancienne ­dénomination « vins de pays », qui avait été créée en France pour répondre à la demande internationale de « vins de cépage » (l’AOC interdisant de mentionner le cépage sur l’étiquette). Toutefois, les producteurs peuvent continuer à utiliser la mention « vin de pays », à condition qu’elle coexiste sur les étiquettes avec celle de l’IGP (ou son logo officiel bleu et jaune). Les conditions de production des vins sous IGP (rendement, assemblages, cépages, etc.) sont plus sévères que celles des vins sans IG, mais plus souples que celles des AOP. Des différences parfois assez minces et qui expliquent les difficultés de positionnement des IGP sur le marché, d’autant qu’ils s’y trouvent aussi en concurrence avec les vins sans IG.

LES VSIG (VINS SANS INDICATION GÉOGRAPHIQUE, EX-VINS DE TABLE)
Les vins sans indication géographique correspondent au premier échelon dans la hiérarchie des dénominations. D’un prix très abordable (autour de 2 € le litre), ces vins courants peuvent s’afficher « vins de France » s’ils sont issus exclusivement de raisins cultivés et vinifiés dans l’Hexagone. Afin d’être plus compétitifs face à la concurrence des vins du Nouveau Monde, ils bénéficient de règles de production (rendement, pratiques œnologiques) et d’étiquetage encore plus souples que par le passé. La nouvelle législation autorise ainsi les mentions du millésime et du cépage, interdites jusqu’ici, à condition que 85 % des raisins proviennent bien du millésime ou du cépage indiqués. Sous l’appellation « vin de France », on pourra, par exemple, trouver un sauvignon issu de raisins cultivés dans les Pays de la Loire et dans le Languedoc. L’assemblage de plusieurs provenances, ainsi que le recours aux techniques modernes de vinification (usage de levures « sélectionnées », chaptalisation, osmose inverse, thermovinification, etc.) permet d’obtenir des produits au goût constant et adaptés à la demande des consommateurs. À noter que les vins sans indication géographique sont généralement vendus sous des noms de marque (JP Chenet, Vieux Papes, La Villageoise, Champlure, etc.). Source Que Choisir

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Expression : Le petit Jésus en culotte de velours
C’est le petit Jésus en culotte de velours ! Voici une expression haute en couleurs, qui mêle haute couture, imagerie biblique et œnologie. Explication à savourer comme un grand cru.

Une invention culottée.
Commençons par pointer du doigt un anachronisme : le petit Jésus n’aurait jamais pu porter une culotte de velours, ce tissu n’ayant été inventé qu’au Moyen-Âge. Venu du Cachemire, il s’agit d’une étoffe à deux chaînes superposées dont les poils sont dressés, ce qui produit une surface douce au toucher. Son étymologie est l’aboutissement du latin villosus « velu, couvert de poils ».

Le velours, aussi appelé duvet du cygne, commence à se répandre dans les grandes villes italiennes de Gênes, Venise, Milan et Florence dès le XIVe siècle. Tissu luxueux, en raison de sa douceur et de la lenteur de son tissage, il est réservé aux plus riches ainsi qu’aux rois (parmi lesquels François Ier). Il faudra attendre le XIXe siècle pour qu’il se démocratise vraiment et soit notamment utilisé par les ouvriers pour leur pantalon.

Outre les codes vestimentaires, la métaphore de la douceur investit très rapidement la langue française, qualifiant ce qui est doux au toucher (Rabelais, le Torchecul, in. Gargantua, chapitre XIII, 1534) et au goût (1680, vin velouté). Ainsi, l’expression « c’est du velours / un vrai velours pour l’estomac » va se populariser, notamment dans le domaine de l’œnologie, pour qualifier un excellent vin, souple et soyeux en bouche.

Une belle robe rouge, délicate et veloutée : l’analogie entre le vin et le tissu est évidente! (Le petit Jésus en culotte de velours)

Et qu’en est-il du petit Jésus ?
Il n’y a pas de datation exacte de l’apparition de l’expression connue aujourd’hui. En 1866, dans Vins à la mode et cabarets au XVIIe siècle, Albert de La Fizelière écrit :

« Il y a dans la Moselle les vignobles de Scy et d’Augny renommés pour un petit vin fort agréable. Un vieux dicton du pays assure qu’en buvant ce vin délicieux, « il semble qu’on avale la culotte de velours du bon Dieu. »

En creusant, on découvre que cette expression est d’origine ecclésiastique, thèse corroborée par Amédée de Ponthieu :

« Le pape Léon X, François Ier, Charles Quint, Henri VIII d’Angleterre, avaient en même temps leurs vendangeoirs (maison où l’on fait le vin) à Aï, en Champagne. Les moines surtout se sont toujours fait remarquer par la bonté de leurs clos et leurs provisions fabuleuses : ainsi la cuve des moines de Clairvaux tenait autant de muids qu’il y a de jours dans l’année. […] Quand les années étaient bonnes et que le vin jouissait de toutes ses qualités, ils prétendaient en lippant les pintes « avaler la culotte de velours du bon Dieu »[…] »

L’expression a par la suite gagné les villes – notamment Paris – et a connu un franc succès dans les quartiers populaires avec la langue argotique. Une anecdote raconte même qu’elle aurait été popularisée dans la Rue de la Barillerie, où l’on fabriquait les barils pour entreposer le vin des vignobles. Cela ne s’invente pas !

Trois moines dégustant sans doute « le petit Jésus en culotte de velours ». (Eduard Von Grützner – Moines à la cave)

Rapidement, le « bon dieu » a été remplacé par le « petit Jésus en culotte de velours ». Quand on y pense, la création de cette expression est à la fois logique et très drôle puisque :

Le velours rappelle l’aspect velouté et délicat du bon vin
Ne dit-on pas d’un délicieux nectar/mets qu’il est « divin » ?
Le Christ lui-même n’a-t-il pas changé l’eau en vin ?
Dans l’argot du XIXe siècle, se « fourrer une culotte » signifiait « se saouler »
Ce n’est pas la première fois que l’imagerie religieuse est détournée de façon parodique pour créer un dicton populaire
De nos jours, le petit Jésus en culotte de velours qualifie un vin exquis et par extension un succulent repas.

A lire !

Plus de 50 cépages dans cette nouvelle édition actualisée et enrichie de 320 pages par le rédacteur en chef de www.dico-du-vin.com. En fin d’ouvrage, l’index de A à Z de toutes les appellations et des cépages autorisés (22 €).

De Bacchus à Vénus  » Biodynamie dans les climats de Bourgogne  » (39 €) Des personnages haut en couleurs entre domaines prestigieux et paysans viticulteurs, entre tables étoilés, vignobles et caves.

«  Effervescence, balades au gré des vins à bulles , de Pierre Guigui et Aymone Vigière d’Anval, éditions Apogée, 106 p., 12 €.

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Concours général agricole

Les finales des concours des produits et vins se dérouleront en régions, au printemps 2021.Pour devenir juré,

les formations à l’analyse sensorielle proposées (initiation gratuite à la dégustation) sont suspendues mais pensez-y !

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« Le meilleur vin n’est pas nécessairement le plus cher, mais celui que l’on partage » Georges Brassens

Nous vous souhaitons de bonnes fêtes, même en comité restreint, ce qui nous permettra de vivre normalement en 2021 !

Jean Charles Béguet
Président Winestory

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