Calendrier du vigneron : Février la taille
Jusqu’au début du XXe siècle
Jusqu’au début du XXéme siècle, le vigneron comblait le vide laissé par l’arrachage d’un pied malade ou trop vieux. Cette opération appelée provignage consistait à enterrer un cep. De ce pied mère naissait deux ou trois autres ceps poussant alentour. Cette pratique incompatible avec la mécanisation du travail viticole est aujourd’hui abandonnée. S’il donnait rapidement une allure négligée à une vigne plantée à l’origine au cordeau, ce système de multiplication rendait un vignoble éternel, puisque tous les ans il se trouvait ainsi en partie renouvelé.
Le climat
La vigne est une frileuse ; elle se plait sous les climats tempérés : doux et secs. Si elle accepte de grimper jusqu’à 800 mètres d’altitude, elle ne supporte pas les trop grandes rigueurs de l’hiver et redoute le vent. Ses besoins en eau sont modestes, mais elle aime les apports réguliers de pluie avec un bon ensoleillement durant les deux mois qui précèdent la récolte et une luminosité maximum du printemps aux vendanges.
Au moment de la plantation
Au moment de la plantation s’effectue la pratique parfois controversée de la fumure : dans certains cas, la terre est amendée pour permettre aux jeunes plants de s’installer plus rapidement avec vigueur.
La taille
Aujourd’hui la taille de la vigne est une science, et aussi tout un art. Il n’en n’a pas toujours été ainsi. Il se pourrait qu’un incident soit à l’origine de cette pratique. En effet, ce serait une chèvre, un bouc ou même peut-être un âne qui un jour s’est régalé dans une vigne, jusqu’à manger une grande partie de la plante. Son propriétaire, pourtant bien mécontent du méfait de la bête, a eu la surprise de constater, dès la récolte suivante, une abondance et une qualité des raisins bien supérieures sur les pieds broutés. Pour obtenir une bonne et belle récolte, il faudrait donc limiter la végétation ! L’idée de la taille était née ; le cep, libéré du bois stérile et des sarments en surnombre, réserve toute son énergie à produire et mûrir une abondance de grappes aux baies charnues.
Les nouvelles plantations
Les nouvelles plantations occupent le vigneron, mais il doit prendre soin de ses vignes productrices. Chaque hiver, les ceps doivent être taillés. La taille est une opération longue et délicate qui nécessite des mains expertes car de la taille dépendent les récoltes des deux ou trois années à venir. « Aujourd’hui il pleut, je taille » dit le vigneron, les pieds dans la boue, le ciré trempé, la goutte au nez ; « aujourd’hui le vent du nord souffle, il tord les doigts, transperce tout, je taille » dit le vigneron ; « aujourd’hui le temps est clair, le froid vif, je taille » dit encore le vigneron.
Les sécateurs
Jusqu’au IIIéme siècle on taillait la vigne à l’aide d’une serpette. Puis le sécateur a remplacé la serpette. A l’origine, il ne possédait pas qu’une lame coupante, maintenant deux lames tranchantes évitent écrasements et meurtrissures. Ce petit outil maniable est resté le seul outil de taille de la vigne, mais aujourd’hui la pression pneumatique ou électrique a remplacé la force musculaire de l’homme. Cette évolution a considérablement facilité la taille, travail pénible qui peut durer plusieurs mois.
Qu’il pleuve ou qu’il vente
Qu’il pleuve ou qu’il vente en dehors des périodes de très fortes gelées, la taille se poursuit. Parfois, une arpette passe derrière l’homme qui taille, et façonne des fagots de sarments ou les brûle sur place. Mais aucun sarment coupé ne reste à terre.
Les formes de la vigne
Les formes que l’on peut donner à la vigne sont nombreuses. Elles varient selon les cépages, la nature du sol et le climat. Certaines formes sont à petit développement. Les vignes basses ont des branches qui poussent près du sol, les vignes moyennes s’élèvent à une quarantaine de centimètres. Les formes les plus fréquentes sont la taille Guyot qui permet d’avoir sur un cep des bois courts et des bois longs ; la forme en gobelet (du tronc partent trois ou quatre bras dont la base a la forme d’un vase plus ou moins ouvert), et la taille en espalier. Il existe d’autres formes au joli nom de lyre, quenouille, cuveau, ou chaintre. Parfois, même la vigne grimpe aux arbres comme en Haute-Savoie et prend le nom de vigne en bautain sur crosse !